HOFFMANN Markus
« Nature Liminial », exposition de Markus Hoffmann, artiste allemand qui est installé à Berlin, originaire de Bavière, non loin de Passau.
L’énergie nucléaire avec son côté positif et négatif, la fission des atomes pour satisfaire nos besoins quotidiens et parallèlement le problème que posent les déchets et leur longévité, le questionnent. C’est le moteur de ses recherches et de ses inquiétudes artistiques.
La proposition de Markus Hoffmann se joue sur plusieurs niveaux.
L’ensemble est une œuvre unique, une installation multipliant les points de vue : l’artisanat d’art, la vaisselle, les plateaux, les strates, les expérimentations artistiques et chimiques. Ça coule, ça glisse, ça brille. Les briques manufacturées et les objets conçus par Markus Hoffmann, créent un ensemble visuel riche. La pièce entière est un paysage composé d’éléments d’architecture : des formes d’aéroports, de faux immeubles qui servent de socles pour poser ses productions. Entre amorphes, vivantes et statiques, les pièces de l’échiquier de Markus n’évoluent ni sur un champ de bataille, ni dans une décharge. Mais elles oscillent entre le plaisir de guider les visiteurs dans un Niemandsland et la volonté de faire réfléchir le spectateur sur cette énergie nucléaire, qui nous livre l’électricité pour notre confort quotidien mais alimente également une poubelle éternelle. Notre civilisation est déjà marquée du sceau indélébile de ces déchets. Et c’est là où se joue le rapport entre sortir de la grotte et renter dans la grotte. Notre culture première est issue de nos cavités, entre autre celle du Mas d’Azil (les galets peints). Maintenant, nous essayons d’enfouir nos déchets nucléaires au fond de la terre, dans des mines de sel, dans la mer, des grottes souterraines pour cacher ce qu’on ne veut pas voir. Je ne sais pas si l’artiste Markus Hoffmann est sous l’influence de Joseph Beuys, mais il est certain que ce dernier est quelque part présent dans l’idée d’œuvre totale, das ganzheitliche Kunstwerk.
Markus Hoffmann vous invite à déambuler entre ses objets, son installation, à rentrer dans son imaginaire et à vous évader dans ses fantasmes. Moi qui ai suivi sa création au plus près, j’ai pu observer combien ses doutes l’ont fait avancer dans une quête permanente d’essai et ré-essai. Je suis heureux qu’il se soit attaqué à un problème majeur de notre société avec une certaine « neutralité suisse ». Il affirme bien sûr qu’il profite pleinement des avancées de la technique et n’échangerait pas l’ordinateur pour un vélo. La bougie, certes, mais pour des rendez-vous romantiques ! Il accepte pleinement de vivre à une époque où on consomme beaucoup d’énergie simplement pour stocker les données informatiques.