ASSOULINE Alice - À propos
Alice Assouline s'intéresse aux mythes, aux légendes et aux gens, mais aussi aux endroits retirés et étranges, elle les associe à son univers personnel, elle les analyse certainement à travers des souvenirs, des expériences, des circonstances ou des accidents, tirés de son vécu, puis en fait surgir ses œuvres.
L'acte de création est une énigme complexe, le mysticisme, les traditions ésotériques et l'alchimie peuvent-être des outils lors du processus créatif. Spiritualité, rituels, sorts, incantations et prières ont toujours été au cœur de la vie de créateurs. Ne dit-on pas que "les connexions entre Art, métaphysique et mystique sont nombreuses, référencées, productives et documentées" depuis des siècles et des siècles.
Alice compose une sorte de musique bruitiste, elle crée des bandes sonores avec un recours à des nappes, des sons organiques, mais dont les ambiances mettent l'accent notamment sur l'angoisse, le malaise, l'isolation, et la froideur. Musique déstructurée, échos, cris, sons organiques sont utilisés, associés à ses gestes parfois rythmant un Theremine ou bien à sa voix emplie de ces textes qu'elle va chercher dans les livres de légendes et/ou chez ceux qu'elle rencontre et qui lui racontent des histoires locales devenant pour elle des légendes.
Alice Assouline s'intéresse aux mythes, aux légendes et aux gens, mais aussi aux endroits retirés et étranges, elle les associe à son univers personnel, elle les analyse certainement à travers des souvenirs, des expériences, des circonstances ou des accidents, tirés de son vécu, puis en fait surgir ses œuvres. Alice affirme d'emblée qu'elle est d'esprit Dark Ambient (un genre de musique électronique situé à la croisée de l'ambient, de la musique bruitiste et de la musique industrielle), aurait-elle donc ainsi fait le choix de mettre en images & formes plastiques cet univers musical qu'elle affectionne tout particulièrement.
Il est vrai que ses thèmes de prédilection sont caractérisés par des thématiques spirituelles, religieuses ou ésotériques comme dans Le ritual ambient.
Les légendes, mythes, folklore, croyances, religions, magie, mystères et occultisme sont une source d'inspiration précieuse pour elle. A la manière d'Edgar Allan Poe, elle aspire à créer des spectres et à incarner les cauchemars autant que les rêves. Sans sombrer dans une étude psychanalytique, Alice a peut-être une tendance dans la "vraie vie" à l'intrigue, à aussi démesurément exagéré, que se soit sur la laideur de certain ou la douleur d'autre, peut-être pour suggérer que la vie ne serait qu'une suite d'horreurs, de beuveries et la disqualifier, légitimant ainsi une quête qui serait de chercher sans fin et en vain l'idéalité pure. Serait-elle comme Edgar Allan Poe, marquée non par l'imagination créatrice, mais par la fancy, une fantaisie délirante créant l'erreur, l'illusion, ne voulant voir une quelconque perfection de la création divine, interprétant le monde en fonction du cœur, et qui sait d'un propre tourment intérieur.
Son geste de peindre la guide dans des territoires explorant une vision élargie de l'image. Elle s'associe à des artisans d'art, céramistes, pour heurter la matière et mettre forme à ses créatures qui la hantent, jamais entières toujours à l'œil.
Elle dessine et trace l'invisible.
Elle évolue dans un parcours qui met les œuvres en jeu dans leurs relations les unes avec les autres, croisant ces genres d'art que sont la musique et les arts plastiques & visuels, il s'agit bien là d'une dialectique fructueuse. Il y a donc des thèmes récurrents dans son œuvre : la mort avec ses symbolisations (l'Enfer, les danses et rondes macabres, les masques, le sang, le décapité etc.), la nature anthropomorphe ou hantée, les figures insolites ou fantomatiques, la métamorphose, les illustrations visionnaires ou abstraites, les mythes. Et certains traits comme, par exemple, la paire lumière-ombre. Bref, les phantasmes et les icônes du fantastique imprègnent ses toiles et ses papiers à dessin.
Son œuvre fait donc bien partie du domaine du fantastique.
L'esprit Dark Ambient est très probablement né chez Alice avec ses premières créations visuelles et sonores, peut-être même en hommage aux BO des films d'horreur. Composer de la musique sombre et inquiétante accompagnant des images, des objets et des actions qui suggèrent la peur, la nuit, la mort, tout ce qui hante nos vies, voilà bien là l'ambition de l'œuvre d'Alice . Elle illustre bien ce désir de faire peur et de mettre mal à l'aise, ce sentiment que l'on ressent à l'écoute de la musique de Gyorgy Ligeti du film 2001 L'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick ou pour les plus experts de l'album Heresy de Brian Williams de Lustmord.
La cohérence de l'ensemble de l'œuvre est frappante.
En regardant l'œuvre émergeante d'Alice Assouline, celle-ci nous renvoie peut-être au fait qu'un des vecteurs majeurs sur lequel repose l'art contemporain est que "l'œuvre d'art ne réside plus dans l'objet proposé par l'artiste", mais que celle-ci se situe dans un "au-delà de l'objet" comme selon Nathalie Heinich (Nathalie Heinich, Le paradigme de l'art contemporain. Structures d'une révolution artistique /Olivier Gras).