Lay Géraldine
Exposition "S'en aller chercher" au Château de Seix de septembre 2020 à février 2021.
J’aime l’idée de documenter une époque, un lieu, que mon travail soit porteur d’histoires sans qu’il soit pour autant documentaire. Pour cela, j’essaie d’observer comment on vit là aujourd’hui, sans venir avec une idée préconçue pour être à l’écoute, disponible à l’imprévu, aux sensations croisées.
L’invitation en résidence à Caza d’Oro au Mas d’Azil me permet de revenir travailler sur le territoire du Couserans 10 ans après avoir exploré les terres autour de Saint-Gaudens et d’Orthez lors d’une double invitation de la chapelle Saint-Jacques de Saint-Gaudens et du centre photographique, Imatge Image à Orthez en 2008, avec une série appelée « l’Illusion du tranquille ».
La rencontre de ce haut-lieu de la préhistoire, la grotte et ses vestiges, qui confère au village du Mas d’Azil une atmosphère particulière, mais aussi ces moments particuliers que sont les marchés de Saint-Girons, de Montbrun-Bocage, etc… où les discussions permettent les rencontres sont les premiers fils tirés depuis mon arrivée.
Ma manière de travailler est très libre, instinctive, attentive aux rencontres, aux lumières, j’avance au fil des allées et venues, de mes lectures sur planche-contact, de la juxtaposition des images. Je ne fais pas la résidence en une seule fois mais avec des allers-retours pour laisser aux images le temps de faire leur travail en moi, pour les laisser reposer.
Pour conclure, je reprends un extrait écrit par Jacques Damez à propos de « l’Illusion du tranquille » :
« La tranquillité pesante domine. Dans chaque photographie de nouvelles situations jouent, répètent, nous imposent l’idée d’une inéluctable fatalité : celle qu’arrêter intentionnellement le déroulement de la durée débouche paradoxalement sur un vide en attente... Le retour obstiné de ses plans de coupe nous met dans le même état que les rêves récurrents, nous sommes face à l’étrangeté de ce qui se répète. La fascination des associations, des rencontres qui font glisser le réel vers l'irréel, travaillent la matière de ces failles ordinaires. »
La fiction se tisse entre les photographies des corps, les paysages miroir, les natures mortes. Le vide en attente de chacune met en écho l’inquiétante étrangeté qui ne s’éteint jamais tout à fait.
Géraldine Lay, juin 2020